L’installation d’un chauffe-eau sur un réseau de canalisations multicouche représente aujourd’hui une solution technique privilégiée dans le secteur du bâtiment. Cette approche combine les avantages du polyéthylène réticulé (PEX) et de l’aluminium pour offrir une résistance exceptionnelle aux variations thermiques et à la corrosion. Le raccordement d’un chauffe-eau sur ce type de réseau nécessite une expertise technique précise, notamment dans le choix des raccords, la maîtrise des techniques de sertissage et le respect des normes en vigueur. Les professionnels du secteur reconnaissent que cette technologie multicouche PEX-AL-PEX garantit une longévité supérieure tout en simplifiant considérablement les opérations de maintenance.
Préparation technique pour l’installation multicouche PEX-AL-PEX
Dimensionnement des canalisations uponor mlcp et rehau rautitan
Le dimensionnement correct des canalisations constitue la base d’une installation réussie. Les systèmes Uponor Mlcp et Rehau Rautitan proposent des diamètres standardisés allant de 16 mm à 63 mm, permettant d’adapter précisément le réseau aux besoins spécifiques de chaque installation. Pour un chauffe-eau domestique de 200 litres, l’alimentation principale nécessite généralement un diamètre de 20 mm, tandis que la distribution secondaire peut utiliser du 16 mm.
La pression de service nominale de ces systèmes atteint 10 bars à 20°C et 6 bars à 95°C, offrant une marge de sécurité confortable pour les installations sanitaires. Les fabricants recommandent de prévoir une expansion linéaire de 2,6 mm par mètre pour 60°C d’écart thermique, paramètre crucial pour le calcul des points fixes et des compensateurs de dilatation.
Calcul des débits sanitaires selon DTU 60.11
Le Document Technique Unifié 60.11 définit les règles de calcul pour dimensionner correctement les réseaux d’eau chaude sanitaire. Pour un chauffe-eau électrique, le débit de soutirage instantané se calcule en fonction du nombre de points de puisage simultanés et de leurs coefficients de simultanéité respectifs. Un logement T4 standard nécessite typiquement un débit de pointe de 0,5 l/s en eau chaude.
La vitesse d’écoulement dans les canalisations multicouche ne doit pas excéder 2 m/s pour éviter l’érosion et limiter les nuisances sonores. Cette contrainte influence directement le choix du diamètre : une canalisation de 20 mm permet un débit maximum de 0,63 l/s, tandis qu’une section de 25 mm autorise jusqu’à 0,98 l/s.
Sélection des raccords à compression comap et giacomini
Les raccords à compression Comap et Giacomini représentent une solution fiable pour les raccordements sur chauffe-eau. Ces dispositifs utilisent un système de bague crantée qui assure l’étanchéité par compression radiale du tube multicouche. La gamme Comap Optifitt propose des raccords certifiés NF pour des pressions jusqu’à 16 bars, particulièrement adaptés aux installations sanitaires exigeantes.
Les raccords Giacomini série R178 intègrent une technologie anti-dézingage qui prévient la corrosion galvanique au contact des métaux différents. Cette caractéristique s’avère cruciale lors du raccordement sur un chauffe-eau dont les éléments peuvent être en acier inoxydable ou en cuivre. Le couple de serrage recommandé varie entre 25 et 35 Nm selon le diamètre, garantissant une étanchéité durable sans risque de sur-serrage.
Outils spécialisés : calibreur, ébavureur et pince à sertir
L’outillage spécialisé conditionne la qualité de l’installation multicouche. Le calibreur-ébavureur permet de rétablir la circularité du tube après coupe et d’éliminer les bavures qui pourraient endommager les joints toriques. Cet outil, disponible chez les principaux fabricants comme Rothenberger ou Ridgid, traite simultanément les diamètres de 16 à 32 mm.
La pince à sertir constitue l’élément central pour les raccords à sertissage. Les modèles professionnels comme la Rems Power-Press ou l’Uponor Mini offrent des mâchoires interchangeables adaptées aux différents profils de sertissage (TH, H, U). La force de sertissage atteint jusqu’à 32 kN, garantissant une compression homogène de la douille métallique sur toute la circonférence du tube.
Techniques de raccordement hydraulique sur réseau multicouche
Méthode de sertissage avec raccords à glissement TH profile
Le sertissage TH Profile représente la technique de raccordement la plus répandue dans l’installation multicouche. Ce procédé utilise une douille métallique préformée qui, sous l’action de la pince à sertir, se déforme selon un profil hexagonal caractéristique. La géométrie TH assure une répartition uniforme des contraintes et prévient le fluage du tube sous pression et température élevées.
La procédure de sertissage débute par l’insertion complète du tube dans le raccord jusqu’à la butée visible dans les fenêtres de contrôle. La pince à sertir, équipée des mâchoires TH appropriées, comprime ensuite la douille en respectant un cycle complet de fermeture. Cette opération, d’une durée de 3 à 5 secondes, crée une liaison indémontable résistant à des pressions d’épreuve de 15 bars.
Raccordement par compression mécanique wirsbo et valsir
Les systèmes Wirsbo (désormais Uponor) et Valsir proposent des raccords à compression mécanique particulièrement adaptés aux interventions de maintenance et aux raccordements démontables. Cette technologie exploite un écrou de compression qui, par vissage, plaque une bague crantée contre le tube multicouche, assurant simultanément l’étanchéité et le maintien mécanique.
L’avantage principal de cette méthode réside dans sa réversibilité : le raccordement peut être démonté et remonté plusieurs fois sans dégradation des performances d’étanchéité. Pour un chauffe-eau, cette caractéristique facilite les opérations de maintenance préventive et le remplacement éventuel de l’appareil. Le couple de serrage, généralement compris entre 20 et 30 Nm, doit être contrôlé avec une clé dynamométrique pour éviter l’écrasement du tube.
Assemblage par électrofusion pour tubes multicouches renforcés
L’électrofusion constitue une technique avancée réservée aux tubes multicouches de gros diamètre ou aux applications sous forte pression. Ce procédé utilise un manchon équipé de résistances électriques intégrées qui, sous l’effet de la température, fait fondre localement la matière plastique pour créer une soudure homogène. La technologie électrofusion garantit des joints d’une résistance mécanique exceptionnelle , comparables voire supérieures au tube lui-même.
La mise en œuvre nécessite un poste de soudage spécialisé capable de délivrer une puissance contrôlée selon les paramètres du fabricant. Les temps de cycle varient de 30 secondes à 3 minutes selon le diamètre, suivis d’une période de refroidissement sous contrainte. Cette technique trouve son application dans les collecteurs principaux d’alimentation de chauffe-eau industriels ou dans les installations soumises à des sollicitations thermiques sévères.
Étanchéité des jonctions avec joints EPDM et téflon
L’étanchéité des raccordements multicouche repose sur l’utilisation de joints en EPDM (éthylène-propylène-diène monomère) ou en téflon (PTFE) selon l’application. Les joints toriques EPDM, intégrés dans les raccords à glissement, offrent une excellente résistance aux températures élevées (jusqu’à 150°C) et aux agents chimiques présents dans l’eau potable. Leur dureté Shore A, généralement comprise entre 70 et 80, assure un compromis optimal entre souplesse et résistance à l’extrusion.
Le téflon, utilisé sous forme de bande ou de pâte, convient particulièrement aux raccordements filetés sur chauffe-eau. Sa inertie chimique totale et sa stabilité thermique en font un matériau de choix pour les applications sanitaires. L’application de téflon nécessite 8 à 12 tours de bande dans le sens du filetage, avec un recouvrement de 50% pour garantir l’étanchéité sous pression.
Tests de pression hydrostatique à 10 bars selon NF EN 806
La norme NF EN 806 définit les protocoles d’essai pour valider l’étanchéité des installations multicouche. Le test de pression hydrostatique s’effectue à 10 bars pendant 30 minutes minimum, après une montée en pression progressive sur 5 minutes. Cette épreuve, réalisée avant la mise en service du chauffe-eau, permet de détecter les défauts d’étanchéité et de valider la qualité des raccordements.
La pression d’épreuve doit être maintenue constante pendant toute la durée de l’essai, sans apport d’eau ni chute de pression supérieure à 0,2 bar
L’équipement de test comprend une pompe d’épreuve manuelle ou électrique, un manomètre étalonné classe 1,6 et un robinet de purge pour l’évacuation de l’air résiduel. La procédure de validation inclut également un contrôle visuel de tous les raccordements et un test de fonctionnement des organes de sécurité du chauffe-eau.
Configuration électrique du chauffe-eau sur circuit multicouche
La configuration électrique d’un chauffe-eau raccordé sur multicouche nécessite une attention particulière aux interactions entre les différents matériaux. Le tube multicouche PEX-AL-PEX présente une conductivité électrique nulle, éliminant ainsi les risques de corrosion galvanique souvent rencontrés avec les canalisations métalliques traditionnelles. Cette propriété simplifie considérablement l’installation électrique en supprimant la nécessité de liaisons équipotentielles spécifiques.
L’alimentation électrique du chauffe-eau doit respecter la norme NF C 15-100, notamment concernant la protection différentielle 30 mA et le disjoncteur calibré selon la puissance de l’appareil. Pour un chauffe-eau de 200 litres équipé d’une résistance de 3000W, un disjoncteur 16A suffit généralement. La section des conducteurs, calculée selon la puissance et la longueur de la liaison, varie typiquement entre 2,5 mm² et 6 mm² pour les installations domestiques.
Le raccordement du thermostat et de la sonde de température nécessite une attention particulière lorsque le chauffe-eau est équipé de raccords multicouche. Ces éléments, généralement situés dans le bas de la cuve, doivent être accessibles pour la maintenance tout en préservant l’étanchéité de l’installation hydraulique. L’utilisation de raccords à compression démontables facilite grandement ces interventions.
La mise à la terre du chauffe-eau s’effectue exclusivement via l’installation électrique, le tube multicouche ne pouvant assurer cette fonction. Cette configuration présente l’avantage d’éliminer les courants vagabonds souvent responsables de corrosions prématurées dans les installations métalliques. La résistance d’isolement entre les parties actives et la masse doit être supérieure à 1 MΩ selon les normes en vigueur.
Intégration du groupe de sécurité NF sur canalisation mlcp
L’intégration d’un groupe de sécurité certifié NF sur une canalisation multicouche (Mlcp) constitue une étape critique de l’installation. Ce dispositif, obligatoire selon le DTU 60.1, assure trois fonctions essentielles : limitation de la pression à 7 bars, vidange de l’appareil et évacuation de la dilatation thermique. Le raccordement sur tube multicouche nécessite l’utilisation d’adaptateurs spécifiques garantissant la compatibilité entre les différents matériaux.
Les fabricants comme Watts, Honeywell ou Caleffi proposent des groupes de sécurité équipés de raccords multicouche intégrés ou d’adaptateurs vissés. Ces dispositifs respectent la norme NF D 36-401 et intègrent un clapet anti-retour, une soupape de sécurité tarée à 7 bars et un robinet d’arrêt avec vidange. La compatibilité thermique est assurée par des matériaux résistant à 110°C, température de fonctionnement maximale autorisée pour les chauffe-eau domestiques.
Le groupe de sécurité doit être raccordé directement sur l’entrée eau froide du chauffe-eau, sans intercaler aucun organe d’arrêt ou de réglage
L’installation du groupe de sécurité sur multicouche nécessite le respect de règles strictes d’implantation. Le dispositif doit être placé à maximum 50 cm du chauffe-eau et dans un local hors gel. L’évacuation de la soupape s’effectue vers un siphon de sol ou un raccordement aux eaux usées, avec une pente minimale de 2% pour assurer l’écoulement gravitaire. Le diamètre de l’évacuation, généralement de 20 mm, doit être dimensionné pour évacuer le débit maximum de la soupape, soit environ 0,1 l/s.
Les raccords utilisés pour l’intégration du groupe de sécurité doivent présenter une résistance particulière aux cycles thermiques répétés. Les variations de température entre
l’eau froide d’alimentation (généralement 15°C) et l’eau chaude stockée (60 à 65°C) sollicitent particulièrement les joints et les raccords. L’utilisation de raccords à compression avec joints EPDM haute température garantit une étanchéité durable dans ces conditions d’usage.
La vérification périodique du groupe de sécurité constitue une obligation réglementaire pour maintenir la garantie du chauffe-eau. Cette inspection, réalisable par l’utilisateur, consiste à actionner manuellement la soupape pour vérifier son bon fonctionnement. L’évacuation d’eau doit être immédiate et franche, sans résidus calcaires ou corrosion visible. En cas de dysfonctionnement, le remplacement du groupe de sécurité s’impose, opération facilitée par l’utilisation de raccords multicouche démontables.
Mise en service et contrôles de conformité NF DTU 60.1
La mise en service d’un chauffe-eau raccordé sur multicouche nécessite le respect d’un protocole rigoureux défini par la norme DTU 60.1. Cette procédure garantit la sécurité de l’installation et la préservation de la garantie constructeur. La première étape consiste en un contrôle visuel complet de tous les raccordements, vérifiant l’absence de contrainte mécanique sur les tubes et la bonne implantation des organes de sécurité.
Le remplissage du chauffe-eau s’effectue progressivement en ouvrant simultanément l’arrivée d’eau froide et un robinet d’eau chaude pour permettre l’évacuation de l’air. Cette opération, d’une durée de 15 à 20 minutes pour un ballon de 200 litres, doit s’accompagner d’un contrôle continu de l’étanchéité des raccords multicouche. La pression de remplissage ne doit pas excéder la pression de service du réseau, généralement comprise entre 3 et 4 bars en distribution urbaine.
L’épreuve d’étanchéité définitive s’effectue sous pression de service pendant 24 heures minimum. Cette période permet de détecter les fuites lentes et de valider la stabilité dimensionnelle des raccords multicouche sous contrainte hydrique. Tout suintement ou goutte-à-goutte nécessite une intervention immédiate pour resserrage ou remplacement du raccord défaillant.
La température de consigne du thermostat doit être réglée à 60°C maximum pour éviter la prolifération de légionelles tout en limitant l’entartrage des canalisations multicouche
Le contrôle électrique comprend la vérification de la continuité des conducteurs, l’isolement de l’installation et le fonctionnement correct des dispositifs de protection différentielle. La mesure de résistance d’isolement, réalisée sous 500V, doit afficher une valeur supérieure à 1 MΩ entre phases et terre. Cette mesure, particulièrement importante avec les tubes multicouche non conducteurs, valide l’efficacité de la protection par mise à la terre du chauffe-eau.
La validation thermique de l’installation nécessite un cycle complet de chauffe suivi d’un soutirage contrôlé. Cette épreuve vérifie la montée en température, le fonctionnement du thermostat et la stabilité des raccords sous dilatation thermique. Les tubes multicouche, grâce à leur faible coefficient de dilatation, présentent des déformations limitées facilitant cette phase de validation.
Le carnet d’entretien, document obligatoire remis à l’utilisateur, doit mentionner les caractéristiques spécifiques de l’installation multicouche : type de raccords utilisés, couples de serrage appliqués et fréquence de contrôle recommandée. Cette traçabilité s’avère cruciale pour les interventions de maintenance et garantit le respect des préconisations constructeur sur la durée de vie de l’installation, généralement estimée à 25 ans pour les systèmes multicouche de qualité.
La certification de conformité, établie selon le modèle Cerfa réglementaire, atteste du respect des normes DTU et valide la recevabilité de l’installation auprès des organismes d’assurance. Ce document, indispensable pour la mise en service définitive, synthétise l’ensemble des contrôles effectués et constitue la référence pour les interventions ultérieures. L’installateur qualifié engage sa responsabilité professionnelle sur cette conformité, gage de sécurité et de pérennité pour l’utilisateur final.